DEUX ANIMAUX AMATEURS DE RAISINS
Jean MARCADÉ*
Le Lièvre
En étudiant les fragments de sculpture découverts à Narbonne par Maryse et Raymond Sabrié dans leurs fouilles du Clos de la Lombarde1, j'avais eu la surprise de constater que le motif du lièvre grignotant des raisins, bien connu dans les arts graphiques de l'époque impériale romaine, avait été également traité dans la sculpture2. Moins tôt sans doute que dans la peinture campanienne à natures mortes, moins abondamment que dans la composition des mosaïques à xenia d'Afrique du Nord et du
Proche-Orient3 (fig. 1 et la), le sujet est attesté aussi en relief, et pas seulement dans le décor de la petite plastique et sur les sarcophages où il se trouve souvent à une place discrète, près des angles. À Narbonne, il s'agit de la statue en ronde bosse d'un Bacchus enfant qui porte devant lui dans un repli de sa nébride, comme dans un tablier relevé des deux mains, l'animal aux longues oreilles et les raisins qu'il est occupé à manger4. Le cas était sans doute moins exceptionnel que je n'ai d'abord eu tendance à le croire : témoins trois documents de plus que je verse au dossier.
* Membre de l'Institut, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris.
(1) RAN 32. 1999, p. 309-334.
(2) Sur les représentations antiques du lièvre, on dispose maintenant de la monographie de M. Bouvier, Le lièvre dans l'Antiquité, Arppam-édition, Lvon, 2000.
(3) Au cours d'un récent voyage en Libye organisé par mon collègue A. Laronde, j'ai pu voir au musée de Tripoli un bel exemple qui se trouve dans la marge gauche de la mosaïque des Saisons de Zliten (villa de Dar Bue Ammèra) : S. Aurigemma, I mosaia di Zliten, 1926, p. 101-127 ; Id., L'Italia in Africa, TripolitaniaX, 1 (/ mosaici, 1960), p. 55-60.
(4) RAN, l. c, p. 324-327, n° 16.
R.A.X. 34 2001, p. •■) 1 -103.